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Entrevue avec Fraction : « La colère profonde qui nous anime est intacte »
25 mars 2020
par Fraction
Fraction. Rock radical depuis 1994

Paru sur le site Parisvox.info (11 mars 2020)

Paris Vox – À l’occasion des 25 ans du groupe de Rock identitaire Fraction, est apparu sur la toile un nouveau site narrant et illustrant l’histoire de cette formation musicale turbulente et militante. Alors, simple nostalgie, « come back » ou grand retour ? Pour le savoir, nous avons interrogé Fabrice Robert, l’un des principaux protagonistes de l’aventure.

La réapparition de Fraction est-elle une manière de « Ne rien renier », comme vous le chantiez par le passé ?

De par son engagement sans concessions, je pense pouvoir dire que Fraction a considérablement marqué de son empreinte la scène du rock radical. Et je sais que de nombreux titres du groupe accompagnent encore aujourd’hui une jeunesse patriote, rebelle et enracinée.

Comment s’est mis en place ce retour de Fraction ? En fait, au début, je voulais simplement travailler sur un site web pour rappeler le parcours de Fraction, à l’occasion des 25 ans du groupe. J’ai donc remis la main sur un nombre important d’archives (photos, vidéos, enregistrements inédits, article de presse, etc.) que je compte publier au fur et à mesure. Puis en revoyant certains membres du groupe, je me suis rendu compte qu’on pouvait envisager d’aller plus loin et de refaire un bout de chemin ensemble.

25 ans après sa formation, il n’est pas question pour Fraction de renier quoi que ce soit. Je dirais même que les années et les épreuves de la vie nous ont encore plus endurcis. Il ne faut donc pas s’attendre à un Fraction aseptisé. Non, nous ne nous sommes pas calmés ! La colère profonde qui nous anime est intacte. Nous sommes toujours prêts à lancer le signal de la révolte sur les barricades !

Vous avez annoncé la sortie prochaine d’une compilation, avez-vous une date de sortie à nous communiquer ? Cette compilation aura-t-elle un support physique, que contiendra-telle ?

Pour fêter les 25 ans d’existence de Fraction, nous avons décidé de proposer une compilation-anniversaire qui réunit les morceaux emblématiques du groupe. Toutefois, il faut avouer que ce projet n’a pas été simple à mettre en place. En effet, il a fallu faire des choix parmi des titres qui correspondent souvent à des périodes différentes du groupe et trouver surtout le juste équilibre. Mais ce travail nous a aussi permis de refaire de belles découvertes sur certains enregistrements en studio, en live ou en répétition.

Au final, cette production propose quelques pépites pour les fans du groupe : des versions peu connues de certains morceaux (notamment avec Skual, le premier chanteur), un titre inédit (reprise d’un groupe des années 80…) ainsi qu’un enregistrement d’IpVox, projet metal-indus créé par certains membres du groupe en 2007.

Cette compilation, baptisée « FRACTION – XXV », est disponible depuis le 9 mars 2020 sur les principales plateformes de streaming.

Nous invitons le public à découvrir cette production sur SoundCloud : https://soundcloud.com/fraction-officiel/sets/fraction-xxv

Après cette compilation, envisagez-vous de nouvelles productions ?

Nous avons un certain nombre de projets. Pour commencer, j’ai remis la main sur quelques enregistrements rares (studio et concerts) sans oublier des reportages et entretiens avec Fraction. Il va falloir tout rassembler et numériser les contenus restés au format analogique (VHS, K7, etc.). Ensuite, nous verrons comment rendre disponibles toutes ces archives du groupe. Je pense notamment à une production réunissant des « raretés » : enregistrements démo, en répétition et en concerts. Mais il pourrait aussi y avoir un projet vidéo qui proposerait une immersion dans l’histoire de Fraction. Bref, un gros travail nous attend et il faudra donc patienter un peu.

Par ailleurs, nous avons également été approchés par un label pour des rééditions-collector. C’est ainsi que l’album Le son d’histoire va être à nouveau disponible mais en édition limitée et numérotée à la main. Il y aura aussi probablement une couverture inédite pour cette production. D’autres rééditions d’albums de Fraction devraient suivre après.

Enfin, pour répondre enfin à votre question, nous avons bien comme projet de composer de nouveaux titres. Nous avons longuement discuté avec certains membres historiques du groupe. Nous avons constaté que l’envie était intacte. L’inspiration aussi.

25 ans après, Fraction est toujours présent. Avec la même rage et encore avec beaucoup de choses à dire. Et nous comptons le faire savoir en composant de nouveaux titres qui seront, vous vous en doutez bien, des appels à l’insoumission !

Que pensez-vous de la scène musicale identitaire actuelle ? Certains acteurs (https://unisson-france.fr/) tentent d’émerger face aux poids lourds de l’industrie. Un mot sur ces initiatives ?

Que penser de la scène musicale identitaire actuelle ? Malheureusement, j’ai le sentiment que la dynamique que nous avions connu dans les années 2000 a connu un coup d’arrêt. Les principaux acteurs de l’époque – qui sont passé à autre chose – n’ont pas vraiment été remplacés. Il faut comprendre que la scène estampillée RIF pouvait alors compter sur le soutien de labels, de revues, de sites web et d’organisateurs de concerts. Le combat culturel ne peut pas se mener seul. Il faut des soutiens, des relais.

Dans le contexte politique qui est le nôtre, l’absence d’une vraie scène musicale enracinée me rend perplexe. Comment peut-on avoir un mouvement qui dépasse les 20 % en France et ne pas avoir des artistes et des groupes de musique qui diffusent un message patriote décomplexé ?

Vous évoquez des acteurs tels qu’Unisson qui tentent aujourd’hui de faire émerger des groupes face aux poids lourds de l’industrie. L’initiative est intéressante et il faut bien évidemment la soutenir. Mais le catalogue reste encore limité et l’audience du site relativement confidentielle. Aujourd’hui, il faut utiliser tous les moyens mis à notre disposition pour toucher le public le plus large possible. Et quoiqu’on pense du modèle économique, les plateformes de streaming demeurent aujourd’hui un espace incontournable. Dans une logique de guérilla culturelle, il faut multiplier notre présence sur les supports les plus variés et lancer de véritables opérations de piraterie politique.

Le contexte social et politique n’a jamais été aussi favorable. À nous de prendre notre destin en main et d’offrir enfin au public une alternative aux artistes conformistes et ethnomasochistes !

La scène musicale a profondément changé depuis 25 ans. Le rap et ses dérivés semblent dorénavant l’unique offre musicale faites aux jeunes. Quel est votre sentiment sur l’offre musicale actuelle ?

Je pense qu’on peut aujourd’hui parler d’une sorte de totalitarisme du rap en France. Le rap est partout : sur les ondes et les écrans, dans la pub, dans les collèges et les lycées et donc dans le cerveau de la jeunesse française… Certains tels que PNL, Ninho, Nekfeu, Jul apparaissent dans le top 10 des artistes les plus écoutés en streaming. La toute-puissance du rap français est telle qu’il s’exporte et s’impose même à l’étranger. Comment en est-on arrivé là ? Il faut, en tout cas, reconnaître que les médias du système ont gagné une bataille culturelle. Grâce à un matraquage savamment organisé, ils ont réussi à imposer des codes culturels qui n’ont rien à voir avec l’identité européenne. Des sonorités africaines et maghrébines associées au langage et à l’imaginaire des banlieues tendent aujourd’hui à façonner le quotidien de nos enfants.

Ces médias mainstream ont gagné une bataille mais pas la guerre. Nous rejouons en quelque sorte – toute proportion gardée – la bataille des Thermopyles. Une minorité déterminée à bloquer le rouleau-compresseur du rap étranger. Un envahisseur « perse » qui porte aujourd’hui des noms aussi variés que Booba ou Ninho…
La tâche est immense mais nous devons relever ce défi en favorisant le développement d’une scène musicale, porteuse des valeurs européennes.

Le retour musical de Fabrice Robert sonnera-t-il son retour politique ?

Comme vous le savez, j’ai toujours été très impliqué dans le combat culturel à travers mon groupe de musique mais également les labels, les sites d’information et les revues que j’ai animés. Le combat culturel vise la conquête des esprits et donc la prise de pouvoir.

La musique est une arme. Et la scène musicale reste une tribune politique à part entière. Je compte donc l’utiliser au mieux pour diffuser un appel au combat et à la résistance !

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